Période Caballine : Les Chars.

{C' est encore des Libyens que les grecs ont appris à atteler à quatre chevaux. (Hérodote. histoires IV. V siècle avant J. C.).

 

L' attelage de Tin Aboteka. Un char de cérémonie.

Les populations caballines du Tassili N'Ajjer vont faire l' acquisition du cheval et du char.

La représentation typique des chars dans les peintures caballines du Tassili est celle dite des "chars au galop volant", tirés par des chevaux.

On observe généralement deux chevaux (bige), quelques fois trois (trige) ou quatre (quadrige), attelés à un ou deux timons. La plate forme se situe en avant de l' essieu.

Sur la plate forme se tient le conducteur (l'aurige), le plus souvent seul. C' est toujours un personnage avec une tête en forme de bâtonnet.

Quelques peintures montrent cependant plusieurs passagers, comme cette peinture de Tin Aboteka où le conducteur est accompagné d' une femme et évoquent alors des scènes de chasse ou de prestige.

Les auriges sont rarement armés, les javelots sont fixés à la structure.

 

Char à double timon tracté par 4 chevaux. Le conducteur tient devant lui un javelot. Eheren.
Char dételé. Akaren.

Le char est généralement représenté dans un très beau style. Il est attelé à un cheval dont les pattes sont tendues presque à l' horizontale, l'aurige est très incliné vers l' avant comme emporté par le mouvement et cherchant à maintenir un équilibre délicat.

Char en pleine vitesse. Wadi Aramat.
Rare représentation d' un char dételé et du harnachement des chevaux. Wadi Aramat (Libye).

Ce style est appelé "galop volant". L' image est très dynamique, tout semble aller très vite.

 

L"examen des quelques rares représentations de chars dételés permet de mieux observer les détails. On distingue notamment le joug à plusieurs courbures qui est placé à l' extrémité du timon ainsi que les brides servant à le fixer à l' encolure des chevaux.

Un autre mode de fixation a été envisagé pour ces chars, il s' agit de la barre de traction qui elle passe sous la gorge des animaux.

La simplicité de la construction et la vitesse qui se dégage des différentes scènes laissent penser que ces engins étaient très légers.

 

Un personnage Caballin armé d' un javelot court à côté du char. Immeseridjen.

Une question vient à l' esprit: "a quoi pouvait servir un char dans un Sahara déjà désertique?". Les expérimentations ont montré que ce type de véhicule est bien plus solide qu' on ne l' imagine et résiste parfaitement aux chocs de roulage.

Par ailleurs le char et le cheval étant des signes de prestige, ces images ne représentent peut être non pas des scènes réelles mais l' idée du héros chassant ou combattant.

Un cavalier chevauche à coté du char. il s' apprête à lancer un javelot. Tamrit.

Cependant les compositions des scènes de chars "au galop volant" sont rarement belliqueuse. On peut donc difficilement évoquer la nature guerrière de leur utilisation. Il est par contre possible que ces chars étaient destinés à la course. En effet ces engins réduits aux organes essentiels, sans protection et visiblement très légers, souvent reproduits lancés à toute vitesse évoque irrésistiblement la course.

 

Char monté par deux hommes, le deuxième est arc bouté sur le timon. En dessous un mouflon de la période "têtes rondes". Takedoumatine.

Après de minutieuses études des représentations de char (plus de 600 dans tout le Sahara), Jean Spruytte, un maître d' attelage a reconstitué un bige à barre de traction avec sa plate-forme étroite et un harnachement semblable aux modèles rupestres. Il l' a fait rouler avec succès.

Char attelé à des boeufs. Wadi Aramat.

Ces chars légers auraient pu servir pour le dressage des chevaux. Selon Jean Spruytte les Caballins ont peut être mis au point le plus vieux "manuel de dressage". cf. Attelages antiques libyens >>

Certaines images correspondent plutôt à des chariots attelés à des boeufs. Les Caballins sont en partie nomades, ils ont besoins d' engins de transport pour les hommes et le matériel.

Peut être une course de chars. Des traces d' un deuxième char se trouvent légèrement devant le premier. On remarque par ailleurs les roues à double cercle, peut être la représentation d' une garniture métallique. Tessakarot.

L' hypothèse la plus répandue est de considérer que le cheval appartient au monde eurasiatique et ne pénètre en Afrique qu' après avoir été domestiqué vers 1500 avant J.C. Les témoignages de l' existence du char et cheval dans les armées du pharaon sont multiples. De là, l' animal et ce nouveau moyen de transport ont pu se répandre chez les Libyens orientaux puis sahariens.

Une autre hypothèse défendue par A. Muzzolini notamment, est que les chars au galop volant du Tassili, qui semblent être des engins de compétition, aient un lien de parenté avec la cité grecque de Cyrène, cité connue dans l' antiquité pour ses courses de chars.

Les Caballins ont pu aussi emprunter des éléments de technologie et réaliser un engin approprié à leurs besoins.

 

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