CHAMANISME
ET ANIMISME
Le chamanisme
Comment devenir un chaman ? ? ?
On devient chaman par élection, par transmission
héréditaire ou par la volonté d'une
communauté !
Le chamanisme représente une forme de religion et
une pratique médicale parmi les plus vieilles du
monde. Doué d'une perception sensorielle exceptionnelle,
le futur chaman doit subir une initiation auprès
d'un maître, en bravant les bêtes sauvages et
en affrontant souffrances et tortures que lui infligent
les esprits malfaisants : il va à la rencontre des
morts.
Le mot chaman est venu de l'Asie septentrionale par l'intermédiaire
du russe. Il désignait dans les sociétés
nord-sibériennes et altaïques un prêtre
magicien pratiquant la transe, la divination et des guérisons.
Il n'était pas un sorcier, n'envoûtait pas
et ne cherchait pas à nuire. En revanche son rôle
comme purificateur était grand. En état de
transe(1.état de vive inquiétude 2.passage
de la vie à la mort) le chaman, et lui seul dans
sa tribu, entreprenait une ascension du ciel dans le but
d'obtenir la guérison d'un malade ou de prévoir
l'avenir. Ce voyage cosmique était lié à
un univers composé de deux zones parallèles,
la terre et le ciel, reliées entre elles par un axe
du monde que pouvait symboliser une montagne, un arbre ou
le poteau central d'une tente. Cette axe permettait au chaman
de circuler entre les deux zones.
Le chamanisme a un lien étroit avec les sociétés
de chasseurs, mais il coexiste également avec d'autres
systèmes. Pour attraper les animaux et les manger,
condition de sa survie, le chasseur doit faire un pacte
avec le maître des animaux qui lui accorde une bête,
en échange de laquelle il réclame une sacrifice.
Le chaman repère le gibier, car il a été
animal lui-même, et il négocie sa proie en
offrant des âmes qui mourant dans l'année,
en général il offre les âmes des tribus
ennemies. Car les esprits chassent les âmes tout comme
les hommes chassent les animaux.
Plusieurs types de chamans peuvent coexister dans les tribus,
mais ils n'ont pas les mêmes fonctions : les uns s'envolent
vers le ciel et entrent en transe, pour obtenir une guérison,
un animal, une bonne récolte ; les autres s'adonnent
à la prière et aux sacrifices et perpétuent
les cultes familiaux. Lorsque le chaman meurt, ses pouvoirs
sont transmis à un successeur ; il deviendra lui-même
un esprit protecteur.
Si un chaman peut obtenir le statut religieux par l'hérédité,
par une quête personnelle ou par vocation, la reconnaissance
de l'individu joue toujours un rôle essentiel dans
son élévation à ce nouvel état.
Le chaman, généralement un homme, est surtout
un médium, le porte-parole des esprits qui sont devenus
ses démons familiers lors de son initiation au cours
de laquelle il est souvent soumis à des jeûnes
prolongés, à l'isolement et à d'autres
épreuves aboutissant à des rêves et
à des visions, suit ensuite une formation donnée
par des chamans expérimentés.
Les principales fonctions religieuses d'un chaman sont la
guérison et la divination. Elles sont assurées
soit par la possession spirituelle soit par l'envol de l'âme
du chaman vers le ciel ou en enfer. Il existe des récits
de résurrection miraculeuses effectuées par
des chamans qui s'étaient rendus dans le pays des
morts pour ramener l'esprit du défunt. Les chamans
peuvent aussi prédire l'issue d'un jeu, la position
de l'ennemi et le meilleur moyen pour préserver les
vivres et d'augmenter le rendement de la production. Les
chamans peuvent aussi occuper un rang social et économique
élevé, notamment s'ils sont de bons guérisseurs.
Quant à la connaissance de l'avenir, elle appartient
à la divinité céleste et aux esprits
de forme animale qui peuplent les espaces interstellaires
ou qui hantent la terre. Mais, pour quitter la terre et
voyager dans le cosmos, il doit revêtir une forme
animale avec fourrure ou peau tannée, cornes et griffes,
plumes ou ailes. Il lui faut aussi prendre des outils chamaniques
: un miroir de bronze où se reflète l'univers
et surtout un tambour sur la peau duquel sont représentées
des images symboliques. Il frappera ce tambour en dansant
jusqu'à ce qu'il tombe sur le sol, encore agité
de soubresauts ou complètement inerte ; mais il aura
auparavant prononcé les paroles qu'on attendait.
On oppose parfois le chamanisme ( " ascension "
de l'homme vers les dieux ) à la possession "
descente " des dieux en l'homme, une caractéristique
de l'animisme.
Exemple d'une prière d'un chaman :
" Les tatars d'Altaï(peuple)
imaginent Bai Ulgän(le tout grand) au milieu du ciel,
assis sur une montagne d'or. Revêtant son costume
chamanique, le kam(chaman) invoque une multitude d'esprits.
C'est une cérémonie longue et complexe qui
s'achève par l'ascension. Tout en frappant son tambour
et en criant, le chaman fait des mouvements pour indiquer
qu'il s'élève au ciel. En extase, il monte
sur les premières entailles du bouleau, pénétrant
successivement dans les différents cieux, jusqu'au
neuvième, ou s'il est vraiment très fort jusqu'au
douzième. Quand il atteint le sommet que lui permet
sa puissance, le chaman s'arrête et invoque Bai Ulgän
: Toi Ulgän, tu as créé tous les humains...
Toi Ulgän, tu nous as dotés, nous tous, de troupeaux
! Ne nous laisse pas tomber dans la peine ! Fais que nous
puissions résister au Méchant. Ne nous montre
pas Körmös(esprit malfaiteur). Ne nous livre pas
en ses mains. Ne condamne pas mes péchés ".
De nombreuses tentatives ont été faites pour
expliquer le phénomène des chamans et de leurs
guérisons. Certains savants ont fait même un
parallèle entre ces guérisons et les psychanalyses
et en ont conclu que dans les deux cas, sont crées
des symboles efficaces et thérapeutiques que produisent
un soulagement psychologique et la guérison physiologique.
Plusieurs anthropologues, rejetant la théorie selon
laquelle les chamans seraient essentiellement des névrosés
ou des psychotiques, ont émis l'hypothèse
selon laquelle les chamans posséderaient certaines
capacités cognitives (de grandes connaissances) nettement
supérieures à celles du reste de la communauté.
D'autres savants expliquent le chamanisme comme étant
à l'origine d'un système religieux plus organisé,
ou comme étant une technique pour parvenir à
l'extase.
Présence
du Sacré en toutes choses. Animisme.
L'homme noir africain est un croyant né. Il n'a pas
attendu les Livres révélés pour acquérir
la conviction de l'existence d'une Force, Puissance-Source
des existences et motrice des actions et mouvements des
êtres. Seulement, pour lui, cette Force n'est pas
en dehors des créatures. Elle est en chaque être.
Elle lui donne la vie, veille à son développement
et, éventuellement, à sa reproduction.
Entouré d'un univers de choses tangibles et visibles
: l'homme, les animaux, les végétaux, les
astres, etc., l'homme noir, de tout temps, a perçu
qu'au plus profond de ces êtres et de ces choses résidait
quelque chose de puissant qu'il ne pouvait décrire,
et qui les animait.
Cette perception d'une force sacrée en toutes choses
fut la source de nombreuses croyances, aux pratiques variées,
dont plusieurs sont parvenues jusqu'à nous, parfois
dépouillées, il est vrai, avec le temps, de
leur signification originelle profonde. L'ensemble de ces
croyances a reçu le nom d' " animisme "
de la part des ethnologues occidentaux, parce qu'effectivement
le Noir attribue une âme à toute chose, âme-force
qu'il cherche à se concilier par des pratiques magiques,
et parfois par des sacrifices. (Amadou Hampaté Bâ
Aspects de la civilisation africaine Paris: Présence
africaine.)
En philosophie, l'animisme est la doctrine selon laquelle
toute matière est vivante et possède une existence
intérieure psychologique.
Le mot animisme crée au 18ème siècle,
renvoie aujourd'hui, spécialement lorsqu'il s'agit
de religions traditionnelles africaines, à la croyance
à des âmes actives partout dans le monde. L'invisible
traverse constamment le visible. L'univers est conçu
comme peuplé et animé de génies, d'esprits
bienfaisants ou malfaisants, d'ancêtres sublimés
et de divinités multiples, intermédiaires
entre l'homme et un Dieu créateur. Celui-ci est bel
et bien présent dans les religions africaines, malgré
la réalité du polythéisme. Les dieux
sont des créatures de l'Etre suprême. La reconnaissance
de celui-ci a facilité le passage de beaucoup d'Africains
aux religions monothéistes : christianisme et islam.
Néanmoins, il y aurait actuellement dans le monde
90 millions d'animistes.
En Afrique, les mythes fondateurs des religions animistes
sont restés oraux : d'où l'importance de la
tradition. Celle-ci enseigne qu'il y un ordre du monde et
comment s'y intégrer. Cette intégration s'opère
par des rites qui soudent l'individu à son groupe
et celui-ci à ses ancêtres. L'un des rites
le plus fréquent est celui du sacrifice, avec offrande
d'eau, d'huile ou de lait, de boissons alcoolisées
et surtout de sang ; un devin indique quelle bête
immoler et comment réaliser le sacrifice. Les religions
africaines traditionnelles accordent aussi une grande partie
aux cérémonies par lesquelles les jeunes passent
d'une vie presque insignifiante à un comportement
adulte, respectueux des traditions. Mais l'initiation des
sacrifices des prêtres est elle très importante.
Car tout croyant peut offrir de l'eau ou égorger
le poulet d'un sacrifice, mais seulement un initié
connaît les paroles du rite. Les gestes qu'il fera
accompagneront ses paroles et la façon de confectionner
un autel. L'initiateur donne de manière secrète
ses connaissances au futur sacrificateur qui, au terme des
épreuves de son instruction, souvent change de nom,
modifie son habillement et parfois même son régime
alimentaire. Il est alors devenu capable de vivre en son
corps, mais toujours devant une collectivité, la
possession par une divinité. Pendant un certain temps
le possédé devient la monture de la divinité
descendue sur lui. Le rite de la possession est accompagné
de battements de calebasses, de chants et d'incantations,
de la consommation de produits divers et enfin de danses
transformant les spectateurs en participants. Presque tous
les cultes dans les religions négro-africaines mènent
à une possession.
Ces religions considèrent le plus souvent l'âme-souffle
ou l'âme-ombre comme indestructible. Mourir, pour
eux , c'est continuer à vivre d'une autre façon.
La mort toutefois rend impur et déclenche donc toujours
des rites funéraires. Ceux-ci, d'une part, purifient
le défunt et, d'autre part, lui permettent, s'il
a respecté l'ordre du monde, de parvenir au village
des ancêtres, la vie des morts africains étant
conçue comme communautaire. Mais tous les morts ne
deviennent pas des ancêtres. Seuls, ceux qui ont vécu
une existence irréprochable ou qui ont eu une importance
historique ou sociale ont vocation à mériter
le nom d'ancêtre. Cette sanctification fait des hommes
d'eux de véritables saints, donneurs de bonheur et
de paix, et objets de culte.
Cependant, depuis la fin du 19ème siècle,
le terme est surtout entendu au sens de l'anthropologie.
C'est l'anthropologue britannique Tylor qui a inventé
la notion d'animisme en religion et a proposé une
théorie faisant le l'animisme primitif le principe
originel des religions.
Explication des idées de Taylor :
Dans son ouvrage majeur ( la civilisation primitive 1871),
il définit l'animisme comme la croyance en des êtres
spirituels et le considère comme une définition
minimale de la religion. Il affirme que toutes les religions,
de la plus simple à la plus complexe, impliquent
une forme quelconque d'animisme. Taylor suppose que l'expérience
du rêve est à l'origine de la conception de
l'existence d'esprits ou âmes. Selon lui, les peuples
primitifs, c'est-à-dire ceux qui ne possèdent
de tradition écrite, croient que les esprits ou âmes
sont l'origine de la vie chez les humains ; ils représentent
les âmes comme des fantômes, ressemblant à
de la vapeur ou à des ombres, qui peuvent migrer
d'une personne à l'autre, du mort au vivant, de végétal
en végétal, d'animal en animal... Taylor a
montré qu'une philosophie animiste pouvais se développer
afin de tenter d'expliquer les causes du sommeil, des rêve,
des transes et de la mort. De plus, la nature des images
que l'on voit en rêve ou en transe. Il cherchait à
montrer que les religions primitives reposent sur une base
logique.
Les théories de Taylor furent critiquées par
un autre anthropologue britannique Robert R. Marett, qui
déclarait que les peuples primitifs n'avaient pas
pu être aussi rationnels et que la religion devait
avoir une origine plus émotionnelle et plus intuitive.
Il contesta vivement la théorie de son compatriote
Taylor qui lui considérait tous les objets comme
vivants. En outre, Marett soutenait que l'ancien concept
de vitalité n'était pas assez complexe pour
inclure la notion d'âme ou d'esprit résidant
dans l'objet. Les peuples primitifs traitaient les objets
qu'ils considéraient animés comme s'ils étaient
vivants, avaient des sentiments ou une volonté propres,
mais ne faisaient pas de distinction entre le corps et une
âme qui aurait pu y pénétrer ou le quitter.
Marett appela cette opinion animatisme ou pré animisme,
et prétendait que l'animisme était issu du
pré animisme, qui pourrait même continuer à
exister à côté de croyances animistes
plus développées. Aujourd'hui, la majorité
des anthropologues rejettent la théorie de l'animisme,
même s'il arrive encore qu'on utilise ce terme pour
désigner les religions traditionnelles
A la différence des chamans, les animistes n'entrent
pas en transe, mais orchestrent les transes de leur patients.
Ils ne s'arrogent également pas le pouvoir de guérir
: ils savent seulement régler les rites pour appeler
les ancêtres qui, par leur intermédiaire, rétablissent
l'équilibre au sein du groupe. Ces religions accordent
une tâche spécifique à l'homme : celle
de renforcer et d'épanouir au maximum cette vie.
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