Les pasteurs noirs

Depuis toujours les véridiques, les esprits libres ont habité le désert. (Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra).

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L' archer tient à la main une flèche. Tin Aboteka.

La grande période pastorale du Sahara a connu plusieurs vagues de peuplements et de migrations. A chacune d' elles correspond en règle générale un type anthropologique et peut être déjà une ethnie socioculturelle qui s' est exprimée dans sons style propre.

Dans le domaine des peintures le peuplement se manifeste d' abord par des groupes humains mélanodermes, peu à peu rejoints par des blancs et des groupes mixtes ou métissés. Mais tous ces groupes sont des pasteurs et présentent une grande unité culturelle autour de l' élevage des bovins comme en témoignent toutes ces peintures.

On peut donc voir dans la civilisation bovidienne saharienne l' origine de l' Afrique actuelle où Touareg, Bambara, Sarakollés, Peul, Dogon Éthiopien et autres, pour être différents, n' en sont pas moins tous africains nés de la même matrice préhistorique. (Malika HACHID).

Au départ de la période deux types d' hommes mélanoderme cohabitent. Le premier est résolument négroïde. L' une des représentation les plus caractéristiques est le "grand archer" de Tin Aboteka ci-contre.part

 

Conversation devant l' enclos. Sefar.
 
Archer. Sefar.

L' école de Sefar-Ozaneare.

Cette école est caractérisée par les traits : peintures en aplat et personnages de type négroïde. Les peintures de cette école sont assez peu nombreuses et concentrées dans le tassili de Tamrit, avec notamment les sites classiques de Sefar et Jabbaren.

L'applat ocre des peintures est total avec des patines d' un rouge sombre. Le type des personnages est négroïde de manière uniforme. La musculature est robuste et lourde, les épaules carrées, les cuisses fortes. Les femmes sont représentées soit avec un seul sein très gros, soit avec deux seins allongées.

Un des thèmes le plus représenté est celui des conversations devant l'enclos.Les tableaux montrent le groupe familial dans ses activités quotidiennes : des personnages assis conversent devant des enclos ovales ou rectangulaires, les boeufs sont à proximité. Ces scènes sont typiques de l' école.

Les boeufs sont représentés avec des grandes cornes, mais rarement en forme de lyre.

 

L' arme usuelle est l' arc.

Un thème récurrent de ces peintures est celui des archers. Ceux-ci sont souvent figurés en pleine course, l' arc tenu à la main ou bandé vers l' avant, le carquois accroché à la taille.

Dans le groupe chaque archer est présenté dans une position différente : l' un court, l' autre bondit, un troisième semble voler. Parfois de véritables batailles rangées sont représentées. Les femmes ne sont pas absentes de ces scène, en effet très souvent ces archers sont en fait des archères (des amazones ?), leurs seins sont bien visibles.

Les communautés se disputaient parfois des territoires de chasses ou de pâturages. L' arc devait être utilisé aussi bien pour la chasse que pour les combats.

Au Sahara central des pointes de flèches apparaissent dans des gisements datés de 7 000 BP à 6 000 BP (8 000 BP pour les plus vieilles). L' arc n' est donc probable qu 'aux VII - VI millénaire BP.

En Europe on situe l' apparition de l' arc à l'extrème fin des temps glacières, il y a environ 10 000 ans. Les plus anciens arcs ont été retrouvés dans les tourbières de l' Europe du Nord. Ils sont datés du Mésolithique et ne remontent guère avant 8 000 ans avant notre ère. Ils sont pour la plupart en if.

 

Deux bergers avec des arcs mènent leur troupeau. (Sefar).

Les peintres ont représenté d' autres thèmes, notamment celui de la tribu en déplacement. Les boeufs transportent les femmes et les enfants, les ballots et les armatures de cases. Les archers progressent à l' avant, l' arc à la main, prêts à défendre les biens et le troupeau.

La tradition du portage du matériel est encore vivante de nos jours chez les Peuls. L' objet le plus courant est le piquet placé horizontalement entre les cornes avec la corde à veaux (que l' on distingue nettement entourée autour du piquet sur ce qui reste de cette figure effacée par l' érosion).

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