Si tu quittes une montagne,
entre aussitôt dans une autre. Si tu quittes un
abri, entre aussitôt dans un autre. (Dicton de la
région de Tamanrasset).
Carte de l'Azawagh.
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L'azawagh se situe dans le Sahel nigérien
; cette région est bordée au nord par le Hoggar,
à l'ouest par l'Adrar n'Ifoghas
et à l' est par le massif de l'Aïr.
Cette région est peuplée essentiellement
de Touaregs Iullemmeden et de peuls Wodabee, éleveurs
de chèvres, moutons, vaches et chameaux.
Toutes ces tribus y nomadisaient pendant la
saison sèche, alors que durant la saison des pluies
avait lieu la "cure salée".
L' eau est partout, les troupeaux
qui profitent des prairies nouvelles donnent enfin
du lait.
La "cure salée" désigne la migration
estivale des hommes et des troupeaux vers les régions
bien pourvues en eaux minéralisées, en terres
natronées et en prairies riches en protéines.
Au Niger ces régions se trouvent dans les plaines du
sud-ouest de l'Aïr, près de la ville de In Gall.
Les troupeaux convergent vers ces régions depuis les
plaines de l'Azawagh et les vallées proches du Nigéria.
Jusqu 'à une époque récente les campements
suivaient cette migration. Cette "cure salée"
représentait aussi une période de rencontre
et de vie sociale intensive. C' était la période
des rencontres galantes et des mariages.
Le
cycle pastoral.
Selon
la pensée touaregue, aucun être, aucun objet
ne saurait exister sans la protection d' un abri. ainsi les
grains de sable ont besoins des failles du sol ou du roc pour
se stabiliser, le fennec se réfugie dans son terrier,
l' aigle dans son nid, l' homme dans sa tente pour échapper
aux tempête de l'exterieur. Cependant, l' abri lui-même
deviendrait inutile sans la proximité de l' eau. Le
"chemin qui mène au puits" est le parcours
obligatoire qui relie les êtres à la vie. A l'
image du parcours quoitidien de la tente au puits et du puits
à la tente qui chaque nuit ramène le nomade
à son point de départ, tout être suit
un cycle dont l' achèvement marque le début
d' un autre cycle, parcours indéfiniment répété.
Toutes les actions, tous les mouvements qui animent les êtres,
les choses, les éléments, aboutissent à
ces deux points d' encrage que sont l' eau et l' abri. (Hélène
Cloudot-Hawad).
Puits
d'Abilba, au sud d'Abalak. L' eau est tiréeà
l' aide d' un animal de treuil, Boeuf, âne ou
chameau guidé par un enfant ou un adulte.
Pour décrire son territoire, un nomade
dessinera sur le sable les vallées et les puits qui
s'y inscrivent, se limitant souvent à l' aire de nomadisation
de sa tribu.
Les puits représentent la stabilité.
Les campements sont attachés
à des puits ou bien des mares temporaires en fonction
desquels vont s' organiser les déplacements tout au
long de la saison sèche.
Le creusage d' un puits important ne se décide
qu'en accord avec le chef de la confédération.
Lorsque l' encombrement devient trop important un nouveau
puits peut être implanté à proximité
de l' ancien sur le même site. Il n' est pas rare de
trouver 4 ou 5 puits côte à côte dans un
lieu donné.
Le puits représente un véritable
"centre" de rencontre entre plusieurs tribus qui
l' utilisent collectivement. Il est creusé au croisement
de leurs territoires. Chacun de ces groupes dispose, pour
extraire l' eau, d' une portion de margelle ou encore d' une
fourche qui soutient la poulie.
Dès
la fin de la saison des pluies, c' est à dire à
l' automne, les éleveurs se replient vers leur territoire
permanent et s' établissent près de leurs points
d' eau. Chacun réintègre sa vallée.
Les mouvements des campements à l'
intérieur du territoire suivront le rythme des saisons
et l' état des pâturages.
Campement
du chef de la communauté de Chin Fanghalan.
Si le campement est l' ensemble des tentes
groupées dans un même lieu, la tente est la cellule
élémentaire de la vie nomade. Elle abrite la
famille conjugale et les enfants. "Nouer la tente",
"fabriquer la tente", signifie se marier.
Les Touaregs Iullemmeden possèdent
des tentes en peau, celles des Touaregs Kel Aïr sont
en nattes.
A
l' intérieur se disposent les lits et un porte-bagages
en bois ouvragé. La tente et tout le mobilier sont
apportés par la jeune mariée : en cas de divorce
elle s' en va avec la tente.
Dans
les rues d'Abalak.
L'école de
Chin Fanghalan.
Depuis les grandes sécheresses de 1984 et 1993 les
campements ne suivent plus systématiquement les troupeaux.
Les familles se sont divisées en deux. Une partie reste
nomade et suit les troupeaux dans leurs migrations, ce sont
surtout de jeunes bergers. Une autre partie s'est sédentarisée,
généralement dans les vallées de rattachement
de la saison séche ou dans la ville la plus proche.
Une partie du troupeau reste avec les nouveaux sédentaires
afin de fournir les produits laitiers indispensables.
La sédentarisation permet à ces populations
d'accéder aux soins médicaux grâce à
des dispensaires et à la scolarisation.
Ainsi autour de la mare temporaire de Chin
Fanghalan, au nord d'Abalak, une communauté s'est
installé et un nouveau lieu de vie s'est créé.
Une école a éte construite, un instituteur nommé
par le gouvernement.
l'association MASNAT a contribué à l'aménagement
de ce mlieu de vie : financement d'une cantine, construction
d'un dispensaire, ....
Rapidement, devant l'afflux des familles, les puits temporaires
se sont avérés insuffisants pour les besoins
des hommes et des animaux.
Aussi MASNAT est maintenant mobilisé pour le projet
de creusement d'un puits profond et permanent.