Et cependant, nous avons aimé
le désert. S'il n' est d' abord que vide et que
silence, c' est qu' il ne s' offre point aux amants
d' un jour. (Antoine de Saint-Exupéry).
Le massif du Hoggar est entouré
par un ensemble de plateaux de grès: les tassilis.
Ce sont l'Immidir et l'Ahnet au nord ouest, Tin Missao et
tassili du Hoggar au sud et enfin le plus connu et le plus
grand le Tassili N'Ajjer à l' est.
Situé au coeur du Sahara, il fait partie
du territoire parcouru par les Touareg Kel Ajjer dans leur
nomadisation, d' où son nom. En Tamahaq, la langue
des Touareg, "tassili" est un terme féminin
qui signifie "plateau". Le terme Ajjer
pourrait provenir de ajar, petite valléecreusée par la pluie ou peut être d' un
mot berbère très ancien dont on a perdu la signification.
Ce plateau se développe sur 750 Km
de long et sur une largeur qui varie de 60 à 100 Km.
Sa superficie couvre 350 000 Km2.
Forêt
de pierre de pierre de Wan Tejedit. Seul le vent, le
silence et les Kel Essouf, "génies de la
solitude", nous accompagnent dans ces lieux magiques
qu' il est difficile de quitter sans laisser un peu
de soi.
Sefar.
Le Tassili plonge le visiteur dans un monde
fascinant: falaises abruptes qui se perdent dans les sables,
forêts de pierres sculptées par l' érosion,
gueltas creusées dans le grès, canyons profonds
et étroits.
L' aspect le plus surprenant du plateau est
l' érosion qui atteint son paroxysme dans les "forêts
de pierre", les irrekanes des Touaregs.
A l' intérieur de ces forêts
règne un étrange spectacle de cité ruiniforme,
ruelles, impasses, places et carrefours bordés d' éboulements
chaotiques où différentes silhouettes prennent
formes.
"Ici, c' est le domaine du fantastique
... on croirait pénétrer dans les ruines gigantesques
d' une cité capitale des siècles disparus."
(lieutenant Gardel).
C' est dans ce décor que se trouvent
les plus belles peintures du Tassili.
Le
tarout peut atteindre des tailles impressionnantes:
22 mètres de haut et un tronc de 11 mètres
de circonférence. Oued Tamghit
La présence de cyprès
sur le plateau du Tassili est très surprenante. Le
Tarout, où cyprès de Duprez (Cupressus
dupreziana), est une espèce unique au monde qui nous
rappelle que le climat de cette région fut de type
méditerranéen. Il reste environ 230 exemplaires localisés
dans les zones les plus élevées du plateau.
Il n' existe pas de véritable forêt, mais des
concentrations plus ou moins importantes qui suivent la nappe
phréatique des oueds à la recherche de l' humidité.
Avec un âge pouvant se situer pour les
plus anciens dans une fourchette de 4700 à 2000 ans,
le Tarout est considéré comme un des
plus vieux arbres du monde. Il est parmi les 12 espèces
végétales les plus menacées au monde.
Le Sahara n'a pas toujours été
un désert. Il a connu une successions de climats, tantôt
aride, tantôt humide, tantôt chaud, tantôt
froid. Il y a 450 Millions d' années il a même
été recouvert par les glaces. En effet à
cause de la dérive des continents, cette partie de
l' Afrique se trouvait à proximité du pôle
Sud de l' époque. Le plateau a été ainsi
raboté et des vallées paléo-glaciaires
se sont formées.
Recouvertes ensuite par des sédiments
puis exhumées fidèlement par le ruissellement
et le vent, elles apparaissent aujourd'hui comme de véritables
"reliefs fossiles".
Elles sont encore parfois empruntées
par des oueds comme c' est le cas à Ihérir.
Le
col d' Emintanamast juste avant la grande dépression
de Dider.
La
région de Dider abrite encore quelques campements de
familles nomades. Mais plus que la volonté des gouvernements,
la sécheresse, la disparition des pâturages et la perte
des troupeaux ont contraint les Touaregs à se sédentariser
et à abandonner leur mode de vie ancestral.
La hutte constitue dans les petits
villages et les campements l' habitat idéal pour l'
été.
Le
village d'ikebran (zeriba en arabe) d'Edarene.
Cette vallée est habitée depuis la nuit
des temps.
Les
habitations d'Eherir sont d' un style particulier. Ce
sont de grandes huttes construites avec de gros galets
sans liant recouvertes d' un toit de feuilles de typha.
Le Sahara est par tradition associé aux nomades, cependant
depuis toujours des sédentaires y vivent.
Les
nomades n' auraient jamais pu subsister sans ces sédentaires
établis dans des villages et des centres de culture
où ils s' occupaient des jardins et leur fournissaient
les denrées dont ils avaient besoin.
Inversement les sédentaires ne pouvaient se passer
de l' approvisionnement assuré par les caravaniers.
Ces transactions ont fait des oasis les mieux situées
des marchés renommés.
Le centre de culture d'Eherir en fait partie. L' oued qui
parcourt cette vallée, avec ses Agelmam (guelta
en arabe) permanents alimentés par les eaux de résurgence
infiltrées dans le massif volcanique de l'Adrar, permet
l' existence d' une zone humide privilégiée
où la vie végétale et animale peut se
développer. C' est dans cet oued que le dernier crocodile
des Ajjer fut tué en 1924.
Situé
au bout de la vallée, le village de d'Edarene n' est
plus occupé aujourd'hui que pendant le période
de récolte des dattes, une variété de
petite taille mais particulièrement sucrée.
Même si le nomadisme tend à disparaître
et si les caravanes de font de plus en plus rares, remplacées
par les camions, le tassili est encore le lieu d' un intense
trafic. Il se trouve en effet sur la route qui mène
du Niger et l' Afrique noire vers la Libye et ses richesses
pétrolières. De longues caravanes de chameaux
le traversent, loin des frontières officielles.
Parfois le Tassili sert de passage pour les
clandestins du Sahel et de l' Afrique noire qui traversent
le Désert dans des conditions dantesques et dont le
seul espoir est la Libye et peut être l' Europe.