Monuments à couloir et plate-formes.

Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement; ni le désert, non plus car il est, à la fois, le soleil et la mort. (Un méhariste).

 

Le tombeau de "l' aménokal". Il possède deux tumulus centraux. Afara.

Monument à couloir et enclos.

La sépulture "à couloir et enclos" est certainement la tombe la plus grande et la plus complexe du Sahara. Elle est aussi appelée par certains auteurs "monument en trou de serrure", le dessin évoquant un trou de serrure. Elle se compose d' un tumulus central à antennes courtes, d' un anneau concentrique au tumulus central, d' une allée matérialisée par deux bordures rectilignes et parallèles, d' une enceinte plus ou moins ovoïde entourant l' ensemble. Certains monuments possèdent un dallage intégral de l' espace à l' intérieur de l' enceinte.

Schéma d' un Tumulusà couloir et enclos >>

Les dimensions de ces tombeaux peuvent atteindre 150 mètres. Le tombeau dit de "l' aménokal", comme l' appelle les touaregs, dans la plaine d' Afara avoisine cette taille.

 

Le tumulus central. Afara.
Tikoubaoiune.
Dallage de l' espace intérieur. Afara.
Monument inachevé. Il manque l' enceinte externe. Tihodahine.

Les monuments à couloirs et enclos sont assez caractéristiques du Tassili N'Ajjer. J. P. Savary dans son étude sur photo aérienne en dénombre 158 uniquement sur le plateau du Fadnoun. Les plus méridionaux se situent dans la région d' Emi Lulu sur la bordure orientale du Tafassasset et ont été étudiés par F. Paris.

 
monument à flanc de colline. Tihodahine..
Patine de l' allée.

Ces monuments sont tous orientés selon un axe plus ou moins Est-Ouest matérialisé par l' allée. Les relevés des azimuts effectués dans le Fadnoun et la région d' Emi Lulu au Niger sont tous compris à l' intérieur des secteurs définis par les limites théoriques annuelles des couchers et des levés de soleil. Une approche statistique milite fortement en faveur de l' hypothèse selon laquelle les monuments à couloir et enclos auraient été systématiquement orientés sur le soleil levant tel qu' il était observable à partir du lieu de construction.

L' allée pourrait correspondre à une aire de procession, lieu de rites déambulatoires, la patine du dallage de celle du tombeau de "l aménokal" peut le laisser penser. L' orientation vers le soleil levant peut aussi suggérer le lien symbolique entre le mort et l' astre renaissant.

Les fouilles effectuées à Emi Lulu ont révélées par ailleurs des morts tous ensevelis selon un axe Est-Ouest, la tête placée vers l' Est. Il est par conséquent tentant de penser à une religion qui s' exprimerait par symbolique solaire.

Les corps retrouvés lors de ces fouilles sont tous masculins. Des tombeaux de cette importance demandent des semaines de travail pour leur construction, on peut logiquement penser qu' ils étaient réservés à des personnages socialement les plus importants. De plus ils sont souvent construits à flanc de colline et sont ainsi visibles de très loin.

Les fouilles n' ont par contre révélé aucun mobilier funéraire. Le mort, même socialement important, n' emportait pas avec lui les signes de son rang qui ne se manifestait que par l' architecture du tombeau.

Selon les datations effectuées à Emi Lulu les monuments à couloir et enclos apparaissent vers 6500 BP, ce qui les classe parmi les monuments les plus anciens du Sahara. Ils pourraient être l' oeuvre des pasteurs de la période bovidienne. L' usage de ces monuments paraît s' arrêter vers 4000 BP.

Selon certains auteurs le tracé des monuments à couloir et enclos symboliserait les organes génitaux mâle et femelle. Une confirmation de cette théorie serait l' abondance des représentations érotiques sur les parois du Tassili.

D' autres auteurs voient dans ces tracés la représentation du mort en position d' orant: le tumulus principal figure la tête et l' allée le corps.

Au delà des interprétations hasardeuses, il suffit d' observer que ces monuments sont construits selon un plan assez rigoureux, codification au services de rites certainement solaires.

 

Plate-forme. Areshima.
Tumulus discoïde. Issaouane.

Les plate-formes et tumulus discoïde.

Ces monuments sont de forme généralement cylindrique et sont délimitées par un muret constitué de pierres régulièrement empilées. Ce muret est de faible hauteur. La plate-forme peut être constituée de gravillons ou de pierres.
Schéma d' une plate-forme empierrée >>

Les grands tumulus discoïdes que l' on aperçoit à flanc de montagne dans l' est de l' Aïr appartiennent à cette famille de plate-forme dont ils constiuent peut être un forme noble réservée aux sépultures de personnages importants.

Ce sont de vastes tumulus avec une plate-forme concave. L'ensablement de cette plate-forme leur donne, vues de loin l'apparence de simples cercles.

 

Schéma d' un tumulus discoïde >>

 

 

Plate-forme. Anakom. .

Les monuments en plate-forme sont assez caractéristiques du Nord-Est du Niger : Adrar Bous, Temet, massif de Tamgak et montagnes d'Izouzaouène (montagnes bleues), Issaouane, mais on en trouve aussi en Immidir, au Messak et au Tassili central.

Les datations effectués sur le site de l' Adrar Bous pour ce type de monument situent son apparition vers 6000 BP. Il est par conséquent contemporain du monument à couloir et enclos.

Par contre il est encore en usage jusqu' à une date assez avancée après le néolitique, environ 900 ans avant J. C.