Les monuments en pierres sèches.

C' était ici, l' ordre vide du désert, où tout était possible, où l' on marchait sans ombre au bord de sa propre mort. (J.M.G. Le Clézio).

 

Les hommes du néolithique n' étaient pas des primitifs comme beaucoup imaginent les hommes préhistoriques. Ils avaient la foi et la croyance qui transcendent la vie quotidienne. Les défunts n' étaient pas abandonnés mais soigneusement déposés en terre. Des fouilles sur le site de Tin Hanakaten, au sud-est de Djanet, ont révélé des squelettes placés dans un caisson de pierre recouvert d' un amas de blocs datés de 8000 BP.

Mais ce qui attire le plus l' attention, ce sont les centaines de sépultures et autres monuments énigmatiques, parfois regroupés en nécropoles, que l' on peut voir dans tous les recoins du Sahara et que les Touaregs désignent sous le nom de idebnan (au singulier : adebni). Ce terme est proche de celui qui signifie en tamahaq "petite colline isolée". En effet le tumulus est souvent un simple amoncellement de pierre qui évoque un relief arrondi.

On assiste à une période du Néolithique à l' émergence du monumentalisme funéraire. La construction funéraire marque un ancrage dans un territoire et une relation avec les vivants. Ceux-ci restent en contact permanent avec les morts.

 

Tumulus simple. Oued Essendilène.
Yeghia devant un tumulus. Tadjélahine.
Tumulus simple. Areshima.
Tombe en cercle. Tadrart.

Ces monuments ont été signalés par les premiers explorateurs (Barth, Duveyrier) qui constatent que les Touaregs font la différence entre les tombes islamiques et ces idebnan qu 'ils attribuent à des géants, les Ijjabaren, alors habitants du Tassili, ou au Issabaten, alors habitants du Hoggar. L' origine très lointaine, bien avant l' Islam, de ces constructions ne fit vite aucun doute.

 

Anakom. Niger

La première étude de ces monuments est l' oeuvre du lieutenant Voinot entre 1905 et 1906. Il se passion pour ces idebnan. Il propose la première classification et procède aux premières fouilles qui révèlent de squelettes dans une position avec les membres fléchis. Il publie son étude en 1908.

Le lieutenant Brenans dans les années 1930 puis Maurice Reygasse continuent les travaux et les fouilles. Mais difficiles à fouiller et souvent pauvres en mobilier archéologique (ossements détériorés, difficultés rencontrées pour dater, objets funéraires volés), ces monuments ont été oubliés par la recherche. En 1966 JP Savary procède à un repérage sur photo satellite pour la région du Fadnoun.

 

C ' est à François Paris que l' on doit le travail le plus intéressant avec des fouilles et des datations dans le Sahara méridional (Azawagh, Aïr, Tefassasset).

Ce travail a mis en évidence l' origine préhistorique de ces monuments et permis d' établir une plus haute ancienneté, certains types remontent ainsi à la période bovidienne. Les datations effectuées au Sahara méridional vont permettre d' établir une chronologie dans la typologie des monuments qui peut être, tout au moins à titre indicatif compte tenu des particularismes régionaux, étendue au Sahara central.

Les sépultures sont considérées comme des marqueurs culturels, leurs études est d' un grand apport pour la compréhension des sociétés préhistoriques et la diffusion des civilisations.

La variété des types de tombeau peut s' explique par celle du peuplement, chaque groupe faisant usage d' un type, peut être pour marquer son territoire.

 

Bazina. Areshima.

Les Tumulus.

C' est le monument le plus simple et le plus répandu au Sahara. Il s' agit d' un simple amoncellement de pierres homogènes et la forme obtenue est plus ou moins conique.Le défunt est posé à même le sol, une sorte de caisson permet d' éviter qu' il ne reçoive le poids du tumulus.

Le tumulus peut aussi reposer sur un dallage concentrique.

Parfois le tumulus n' est pas un simple amoncellement de cailloux , mais possède des murs extérieurs construits par un empilement régulier de pierres soigneusement appareillées; il prend alors le nom de bazina.

Ainsi les monuments d' une certaine importance du site d' Areshima au Niger sont entourés à leur base d' une rangée de dalles plus ou moins verticales. Ces dalles proviennent d' un affleurement de roches sombres qui se délitent en forme oblong et confèrent aux monuments une allure originale.

Ces tumulus simples se retrouvent à toutes les époques et dans toutes les régions du Sahara, parfois regroupés dans de véritables nécropoles.

Cet amoncellement de pierres sur le cadavre est un geste naturel et les tumulus simples sont certainement les tombes les plus anciennes, remontant à la préhistoire.

Schéma d' un Tumlus simple >>

Nécropole dans le Ténére. .