Les gouffres

Seulement se déposer là en creux, rejoindre et se faire, ne serait-ce qu'un moment, sous les astres iridescents, montagne ou rocher. On ne part pas du désert. On ne peut qu'y revenir. (Jean-Claude Schneider).

 

 

Les effets de l'érosion fluviale sont là. L'Ennedi est sillonné de toutes parts par des gorges encaissées, creusées de toute évidence par l'écoulement des eaux. La puissance de certaines gorges (Koboué, Maya) témoigne de la violence des éléments.

Maya et Koboué étaient les buts de ce voyage d'exploration. L'érosion a réussi à creuser ces gouffres gigantesques et spectaculaires . De tels reculs de la falaise supposent d'énormes quantités d'eau.

Ces deux gouffres s'ouvrent sur des réseaux hydrographiques différents, Maya vers le lac Tchad au sud-ouest et Koboué vers le Nil au nord-est par l'intermédiaire du wadi Howar.

 

 

Le gouffre de Maya.

Au terme de la longue remontée du wadi, on débouche sur une immense piscine cachée par une végétation luxuriante.

 

 

La présence de nombreuses relictes végétales est certainement le caractère le plus remarquable et le plus révélateur de la flore de l'Ennedi. Dans ce massif buriné par l'érosion le hasard a voulu que, ça et là, des zones en raison de leur emplacement spécial, bénéficient de conditions exeptionnelles d'humidité, échappent à l'asséchement général et donnent asile à des espèces anachroniques dans l'ambiance actuelle.

Le Sahara de jadis, celui que l'on imagine par ces images, comme étant un ensemble de vastes prairies herbeuses coupées de marécages et traversées par des fleuves aux rives boisées, se retrouvent encore à l'état ponctiforme au fond de ces quelques gorges cachées dans la partie peu accessible de l'Ennedi. La recherche et la découverte de ces zones, dont quelques unes n'avaient jamais été visitées par des non africains (Koboué) a été l'un des objectifs des missions du professeur Gillet.

 

Le gouffre de Koboué.

43 ans après le professeur Hubert Gillet nous atteignons ce lieu magique, empreint de légendes et de peurs. Véritable entaille dans le massif, les parois verticales plongent de prés de 400 mètres en contrebas du plateau.

 

 

Le rôle biogéographique du massif de l'Ennedi est considérable; une grande partie de l'histoire végétale africaine se lit dans les fissures de ces blocs de grès, qui ont servi de caravansérail aux grands courants floristiques africains. Plantes venues d'Afrique du sud, des Indes, d'Afrique orientale, d'Ethiopie, du Sahara, toutes ont pénétré dans cette citadelle.

Dans les flancs de l'Ennedi, défendue par de puissantes murailles, protégée des vents desséchants de l'Est, vit encore, isolée de tout contact, la même riche florule dont se nourissaient les éléphants et les hippopotames récemment disparus.

L'Ennedi nous livre encore au vingtième siècle des images inestimables, reflets d'une époque révolue, celle du Sahara verdoyant. Dans ses profondeurs, des êtres -animaux et végétaux- y vivent depuis des siècles, voire des millénaires, à l'abris des grandes pertubations du monde.