J' ai
toujours aimé le désert. On s' assoit sur
une dune de sable. On ne voit rien. On n' entend rien.
Et cependant quelque chose rayonne en silence ... - ce
qui embellit le désert, dit le petit prince, c'
est qu' il cache un puits quelque part ... (Antoine de
Saint-Exupéry)
Source : "Grand
Atlas du continent africain". Editions Jeune Arique.
Le Néolithique est considéré
aujourd'hui comme un ensemble de divers éléments
culturels nouveaux par rapport à ceux réglant
la vie des chasseurs-cueilleurs du Paléolithique (domestication
des plantes et des animaux, utilisation de la poterie). Ces
éléments sont apparus au Sahara, avant même
leur apparition au Moyen-Orient, suite au renversement climatique
enregistré dans l' Afrique au nord de l' équateurà
la fin de la dernière période glacière.
Le retour des pluies a permis a des populations de Noirs et
de blancs de s' établir dans la région du Sahara
et d'y trouver d' importantes ressources alimentaires végétales
et animales.
Datation : les dates sont données avec la notation
BP (Before Present), il convient de préciser qu' il
s' agit d' un présent conventionnel fixé à
l' année 1950 (date à laquelle la méthode
de datation par le carbone 14 a commencé à être
régulièrement utilisée).
Erg Titersine. Libye.
20 000
BP - 10 000 BP : Aride Post Atérien
Des conditions climatiques d'
une très grande sévérité règnent
sur l' ensemble du Sahara qui va se dépeupler. Cette
aridité enregistre des températures de 4 à
8 °C plus basses qu 'aujourd'hui.
Le Sahara s' étend 500
Km au sud de sa frontière actuelle. De l' atlantiqueà
l'Ethiopie des cordons de dunes barrent les fleuves Sénégal,
Niger et le Nil.
Le massif éthiopien est certainement
habité. Les linguistes y situe l' origine du groupe
linguistique Afro-asiatique. Il est probable que certains
habitats résiduels se sont maintenus à la faveur
de quelques microclimats. Il faut imaginer ces populations
résiduelles luttant pour la survie, vivant de presque
rien comme savent le faire les Sahariens.
Guelta
d'Aoué. Ennedi.
Hippopotame.. Plateau
de Tadjelahine.
10 000 BP - 7500
BP : Grand Humide
Au nord les pluies de type méditerranéen
descendent vers le sud. Au sud les pluies de mousson remonte
vers le nord, la limite étant à peu prés
le tropique du cancer (le 22 eme parallèle exactement).
Dans
le Sahara méridional les pluies abondantes ont provoqué
la montée des eaux et permis l' apparition d' une flore
et d' une faune tropicale. Le lac Tchad devient le Paléotchad
ou Mégatchad formé d' un ensemble de lacs et
de marais et couvre alors une surface supérieure à
celle de la France atteignant le bord du Tibesti. A la fin
de la période un autre lac dit des Pays-Bas du Tchad,
situé sur l' emplacement actuel du Borkou, indique
une période encore plus pluvieuse. Ses rives sont à
moins de 200 Km de la bordure occidental de l' Ennedi. L'
érosion joue à plein et les ouadis de l' Ennedi
s' enfoncent dans de profondes gorges. Les lieux de vie sont
essentiellement les massifs (Ennedi, Tibesti, Air).
La plaine est le domaine de la savane arborée
arrosée par de bonne pluies tropicales avec des regroupements
plus denses le long des cours d' eau. Dans ce milieu évoluent
l' éléphant, grand consommateur feuillus, le
rhinocéros friand de graminées, ou l' hippopotame qui
préfère les herbages des bords de marécages.
Ce sont les grands pachydermes que les peintures vont immortaliser.
Au nord l' ambiance générale
est semi-désertique à l' exception des massifs.
Les points d' eau sont cependant assez nombreux pour que les
zones désertiques puissent être traversées
sans problème.
Ennedi.
7 500 BP - 6 500BP : Aride mi-Holocène
Cet eden qui a favorisé l' apparition
de techniques nouvelles (céramiques, élevage)
est freiné par une pulsion sèche qui va durer
environ 1 000 ans. Les zones lacustres se réduisent
considérablement, les fleuves de l'Aïr, du Tibesti,
du Djado et de l' Ennedi qui coulent vers le Tchad enregistrent
une baisse sensible. Le Paléotchad se retire, laissant
des croûtes calcaires, (on note même un assèchement
total entre 7 300 et 6 900 BP pendant une phase hyper-aride
sévère particulièrement sensible dans
la région du Tibesti).
Le Sahara septentrionale (notamment le désert
égyptien) commence son dessèchement qui sera
progressif jusqu 'à 5 000 BP environ. La vallée
du Nil qui était inondée toute l' année
durant la période de grande humidité commence
à se repeupler.
Les populations réfugiées dans
les différents massifs commencent à se déplacer.
Des sédentaires noirs s' établissent au bord
des lacs et des rivières vivant essentiellement de
la pêche, de la chasse et de la collecte des graminées
sauvages. L' élevage des bovins pratiqué dans
les massifs gagne quelques sites des zones basses où
il procure un utile complément alimentaire.
Gouffre de maya.
Ennedi.
Cyprès du
Tassili N'Ajjer.
6 500 BP - 4 500 BP : Petit Humide
Première phases de réchauffement
avec une relative humidité que les spécialistes
ont aussi appelé "humide néolithique".
Les lacs retrouvent une plus grande extension, le climat est
plutôt subtropical, il fait plus chaud que lors de l'
humide précédent, la mousson regagne du terrain
en remontant très haut jusqu 'à la latitude
du Tassili N' Ajjer, le Sahara a un aspect de savane. De nouveau
les oueds creusent leurs lits. La grande faune avec ses hippopotames
et ses éléphants existe toujours.
Le Tassili N'Ajjer bénéficie
de deux régimes de pluies, celui du front polaire et
celui de la mousson qui règne sur sa partie méridionale.
Mais malgré le retour de la mousson les pluies sont réduites
et peu violentes.
Cette diversité de climat a permis
à des plantes d' origine méditerranéenne
comme le cyprès, le myrte, l' olivier ou encore la
lavande de côtoyer des espèces tropicales.
On
assiste durant cette période à un épanouissement
pastoral sans égal. Les pasteurs-artistes atteignent
l' apogée dans l' expression de leur "art bovidien".
L' aridité gagne le Sahara qui est
de nouveau happé par le désert et il va le demeurer
jusqu 'à nos jours. La grande faune disparaît.
L'
aridité ne cessant de s' aggraver, le peuplement
saharien se concentre autour des derniers îlots de fraîcheur
ou bien migre vers les bords, notamment au sud dans la zone
sahélienne.
La plaine péri tchadienne (Nigeria, Tchad,
Cameroun) inondée en permanence commence à s'
assécher et connaît les premières installations
humaines vers 3 500 BP.
Vers 4 500 BP à l' heure où
la vallée égyptienne entrait dans l' histoire
grâce aux textes hiéroglyphiques, le reste du
Sahara demeurait dans la préhistoire. La tragédie
de la sécheresse actuelle s' est donc amorcée
il y a 5000 ans. Mais si l'Egypte avait le Nil pour y échapper
et devenir l' un des plus grands empires du monde, le Sahara,
après avoir donné naissance à une civilisation
précoce et riche de promesses devait renoncer à
toutes ambitions.
Il reverdira certainement un jour comme le
prévoit la paléoclimatologie.
3 500 BP - 3 000
BP : Humide post-Néolithique
Iheren. Plateau
de Tadjelahine.
Un troisième humide ramène quelques
pluies, mais beaucoup plus faibles que lors de l' humide néolithique.
La faune tropicale a presque complètement disparu.
Les pâturages sont plus maigres, les moutons et les
chèvres commencent à remplacer les boeufs. Les
installations humaines se multiplient dans le Sahara méridional
tandis que le Sahara septentrional se désertifie de
manière inéluctable.
Oued. Ennedi.
Plateau du Medak.
Tassili N 'Ajjer.
Aride
actuel
L' Ennedi est situé en zone tropicale
sahélienne, ce qui lui vaut d' être soumis à
un climat typiquement sahélien caractérisé
par l' alternance d' une très courte saison des pluies
(5 à 6 semaines) et d' une très longue saison
sèche. La saison des pluies se place toujours en été.
Tout le rythme de la Nature est ainsi sous la dépendance
des pluies d' été. Celles-ci en quelques jours
modifient radicalement le paysage. Les étendues sablonneuses
pelées et désertiques se métamorphosent
en vertes et opulentes prairies.
Il pleut dans l' Ennedi. Tous les ans après
chaque tornade les ouadis grossissent, des crues spectaculaires
érodent la roche, rongent les berges, arrachent les
arbres. Au rythme actuel, dans très peu de temps les
fonds des gorges vont être déboisés. Les
relictes soudanaises n' ont pu se développer que sous
un climat de type soudanais comportant des pluies étalées,
le long de rivières à écoulement lent
et prolongé. On assiste à un raccourcissement
de la saison des pluies et à une modification du régime
des précipitations. Les pluies de type océanique
ou de mousson sont remplacées par des lignes de grains
se manifestant par des tornades d' une grande brutalité
et d' une très forte intensité. Il pleut moins
souvent, mais quand il pleut, c' est le déluge.
Le climat actuel du Tassili N'Ajjer est qualifié
par les spécialistes de désertique, montagneux
et continental. Faiblesse et irrégularité des
pluies, mais températures sans excès, état
hygrométrique très peu élevé et
intense évaporation tels sont les traits climatiques
de ce plateau et sa région. Plus sec que le Hoggar,
le Tassili N'Ajjer entre dans la catégorie des déserts
hyper arides du globe. Les précipitations sont très
irrégulières, surtout ces dernières décennies,
ainsi Illizi a vécu 47 mois de sécheresse et
Djanet 30 mois.