C'est encore des Libyens que
les grecs ont appris à atteler à quatre
chevaux. Hérodote. (histoires IV) V siècle
avant J.C.}
Les
Libyens sahariens portent un casque, une cape, des chevillères
et des chaussures. Jabbaren.
Le Sahara doit maintenant faire face à la terrible
aridité qui commence à s'installer. Les pasteurs
et leurs riches troupeaux l'abandonnent de plus en plus
pour les plaines de Sahel. Cependant les tributs paléoberbères
qui l'occupent n'en participent pas moins à l'histoire
de l'Afrique du Nord.
On connaît peu de choses des habitants des régions
méridionales du Sahara, Hérodote lui même
avoue son ignorance: "Au dessus de la mer et des populations
qui la bordent, se trouve la Libye des bêtes sauvages
et au dessus s'étend une zone de sable terriblement
sèche et déserte".
Le nom de Libye provient d'une tribut, les Lebou,
qui vivait en Afrique du Nord. Le terme est repris par les
Grecs pour désigner toutes les populations de l'Afrique
du Nord. La Libye désigna alors toute l'Afrique.
Les Libyens orientaux entrent dans le cours de l'histoire
lors des bataillent qui les opposent à l'Egypte.
Les libyens sahariens ne sont eux connus que par des sources
archéologiques.
Comme pour les Proto berbères Bovidiens, l'art rupestre
paléoberbère demeure la source la plus importante
pour les débuts de l'histoire au Sahara. Cet art
possède une unité culturelle et dont les mots
clés sont : le cheval et le char, l'écriture
et le métal.
On peut, selon Malika Hachid, distinguer dans cette période
deux séquences. La première est celle des
"Libyens sahariens". La seconde est la plus longue
et se poursuit dans la période cameline que l'on
peut désigner sous le terme générique
de "Garamantes", le peuple paléoberbère
le plus connu de l'antiquité.
Libyens
saharien à plumes blanches dans les cheveux. Dider.
Les hommes "Libyens sahariens" aimaient à
se représenter grands et élancés avec
une longue cape rouge flottant sur le dos. Ils tiennent
un bâton de commandement et un bâton de jet.
Ils portent des plumes dans les cheveux, marque de dignité
et de pouvoir. Les tatouages et les plumes sont réservés
aux représentant de l'échelle sociale la plus
élevée, comme le chef Rebou, le seul de son
groupe à être tatoué et à porter
deux plumes tel que l'on peut le remarquer sur des gravures
égyptienne.
Les
Libyens sahariens vont généralement en petits
groupes tenant un long bâton à la main. Beaucoup
plus qu'une arme cet objet est un insigne de pouvoir comme
celui que les Touaregs nobles ont le droit de garder à
la main en guise de bâton de commandement. Ce bâton
est appelé talak.
Danse
aux bâtons. Oued Bohediane. (Tadrat).
Il existait chez les Libyens sahariens et
orientaux une danse guerrière dont les garamantes
hériteront et qui est encore pratiquée par
les Touaregs.
Les danseurs utilisaient leurs bâtons
de commandement qu'ils maintenaient côte à
côte, les croisant et les entrechoquant. Ce thème
se retrouve en plusieurs endroits du tassili et de la Tadrat.
Ces danses évoquaient probablement
des préparatifs de guerre.
Garamantes
accomplissant la danse aux bâtons. Sefar.
Les
Libyens vont faire l'acquisition du cheval et du char.
Après de minutieuses études des représentations
de char (plus de 600 dans tout le Sahara), Jean Spruytte,
un maître d'attelage a reconstitué un bige
à barre de traction avec sa plate-forme étroite
et un harnachement semblable aux modèles rupestres.
Il l'a fait rouler avec succès. Ces chars légers
auraient pu servir pour le dressage des chevaux. Selon Jean
Spruytte les Libyens ont peut être mis au point le
plus vieux "manuel de dressage".
Peinture
de char superposée à un mouflon. Tassili.
L'hypothèse la plus logique est de considérer
que le cheval appartient au monde eurasiatique et ne pénètre
en Afrique qu'après avoir été domestiqué
vers 1500 avant J.C. Les témoignages de l'existence
du char et cheval dans les armées du pharaon sont
multiples. De là, l'animal a pu se répandre chez
les Libyens orientaux puis sahariens.
L'introduction du char à partir de l'Egypte est la
plus plausible. Les Libyens ont pu aussi emprunter des éléments
de technologie et réaliser un engin approprié
à leurs besoins.
Le char était un instrument de prestige des élites.
Il servait aussi à la chasse.
Char
tiré par des chevaux au "galop volant".
La roue possède 4 rayons. Tadrart.
Le
char est généralement représenté
dans un très beau style. Il est attelé à
un cheval dont les pattes sont tendues presque à l'horizontale.
Ce style est appelé "galop volant". Le
conducteur est incliné vers l'avant, l'image est
très dynamique, tout semble aller très vite.
Une question vient à l'esprit: "a quoi pouvait
servir un char dans un Sahara déjà désertique?".
Les expérimentations ont montré que ce type
de véhicule est bien plus solide qu'on ne l'imagine
et résiste parfaitement aux chocs de roulage. Par
ailleurs le char et le cheval étant des signes de
prestige, ces images ne représentent peut être
non pas des scènes réelles mais l'idée
du héros chassant ou combattant.
Char
en pleine vitesse. Wadi Aramat.
Certaines
images correspondent plutôt à des chariots
attelés à des boeufs. Les paléoberbères
sont en partie nomades, ils ont besoins d'engins de transport
pour les hommes et le matériel.
Char
attelé à des boeufs. Wadi Aramat.
L'attelage
de Tin Aboteka. Il est conduit par un homme avec six guides
dans la main gauche et un petit fouet dans la main droite,
une femme se tient à ses côtés, un autre
conducteur indiscernable tient aussi deux guides.
Rare
représentation d'un char dételé et
du harnachement des chevaux. Wadi Aramat (Libye).
Scène avec des personnages avec la tête en
tiret. Tin Aboteka.
Les Libyens sahariens vont se transformer en populations
que nous connaissons par les témoignages des auteurs
grecs et latins notamment Pline, Salluste, Tacite et Hérodote.
Les Garamantes sont le peuple paléoberbère
le plus connu et qui a suscité le plus d'intérêt.
Leur zone de vie englobe le Fezzan, le Tassili N'Ajjer et
l'Air. La ville de Garama au centre du Fezzan dont le nom
actuel est Djerma est leur capitale.
Les Garamantes ont su mettre en place une structure politique
élaborée en organisant une puissante confédération
avec un véritable roi à sa tête. Une
nature guerrière associée au sens de l'administration
leur a permis de contrôler les pistes caravanières.
Ce
royaume qui s'est plusieurs fois confronté à
Rome avant de faire alliance a duré plus de 1000
ans jusqu'à la conquête musulmane au VI siècle.
Ces Garamantes sont facilement identifiables aux images
rupestres dont le contexte socioculturel présentent
de nombreuses similitudes avec les Touaregs.
La couleur rouge est très présente dans les
peintures Garamantes. D'une façon générale
le style devient de plus en plus conventionnel. Une manière
particulière de représenter la tête
apparaît, celle ci n'est plus représentée
que par une sorte de bâtonnet.
Les
femmes Garamantes sont très bien représentées
et apparaissent souvent vêtues de longues robes
parfois fendues sur le devant.
Les hommes portent une tunique jusqu'à mi cuisse,
serrée à la taille et qui s'évase
ensuite. Cette tunique leur donne une allure particulière
qui a conduit les spécialistes a les dénommer
"bitriangulaires".
Cette tunique a une longévité historique remarquable,
en effet un vêtement en cuir souple identique s'est
conservé chez les Touaregs jusqu'au début
du siècle.
De nombreuses images représentent la vie quotidienne.
Les habitations sont représentés sous une
forme circulaire. Des hommes et des femmes se tiennent à
l'intérieur, debout ou assis se faisant la conversation.
Ces images de couples sont nombreuses et on peut y voir
la préfiguration d'une tradition socioculturelle du monde Touareg, l'ahal, ces soirées de divertissement
musical et poétique prétexte de rapprochement.
Les
ancêtres des berbères tenaient le femme en
très haute estime et les peintures témoignent
de son statut. La mixité est de rigueur et sa position
socio-politique ne diffère pas de celle de l'homme.
La femme Touareg héritera d'une grande partie de
ces droits.
On
trouve dans les peintures et les gravures Garamantes d'étranges
personnages dont la tête apparaît trilobée.
Jusqu'à présent aucune explication n'a été
donnée à cette manière de diviser la
tête en trois lobes, il s'agit peut être d'une
sorte de coiffe.
Sur cette gravure de l'oued In Djaren le personnage à
tête trilobée tient une girafe en laisse. Cette
représentation pose le problème d'une éventuelle
domestication de cet animal. La girafe peut être chasser
sans risque et il est possible que certains individus aient
pu être gardé en captivité. Léon
l'Africain raconte comment les populations du Soudan capturaient
de jeunes girafes quelques jours après leur naissance.
Personnages
peints en blanc avec tes têtes trilobées. Celui
du centre semble menacer le personnage de gauche avec un
bâton. Le troisième est remarquable pour l'appendice
qui pend entre ses jambes. Ouan Adjane. Tadrart.